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Histoire du Musée

Le Musée des Eaux de Vie se trouve dans l’ancien relais de Poste de Lapoutroie, construit en 1832. Il servait à accueillir les écuries de l’hôtel de la Poste. Le relais de Poste pouvait accueillir 30 chevaux grâce à ses deux écuries.

En 1986, le bâtiment est rénové et accueille désormais le Musée des Eaux de Vie, classé aujourd’hui 30ème site le plus visité d’Alsace.

L’alambic

A l’origine des eaux-de-vie et de nombreuses liqueurs, il y a l’alambic.

Impressionnant par ses cuivres rutilants, il l’est aussi par la diversité de ses formes au fil des époques et des régions. Vous trouverez même, parmi les acquisitions du Musée un appareil artisanal réalisé clandestinement et … saisi et percé par l’Administration !

Quel est l’origine de l’alambic ?

Certaines grottes sont si basses de plafond qu’il fallait se tenir allongé sur le dos pour remarquer, outre des peintures rupestres, des surfaces lissées par le passage répété des langues qui léchaient les condensations des vapeurs, qui s’élevaient aux dessus des réserves de fruits ou de racine : le premier alambic naturel !

Plus tard, des vases de 35 litres avec des collerettes de deux litres sont considérés par les archéologues comme des alambics. Ils ont été trouvés dans le Nord de l’Irak, et sont datés de plus de 3500 ans.

Quelques origines linguistiques :
alambic : vient de l’espagnol alambico, qui vient de l’arabe al inbiq = vase à distiller, qui vient du grec ambix.
élixir : de l’arabe al iksir = la pierre philosophale et le médicament, emprunté au grec, Kseron = médicament.
Eau de vie : 14e siècle, traduction issue du latin aqua vitae

Le bouilleur de cru

Le Bouilleur de cru  est un exploitant agricole ayant un verger et qui, en plus du droit de distiller ses propres fruits, bénéficiait d’une franchise de 10 litres d’alcool pur sur lesquels il ne payait pas de taxe : c’était le « privilège du bouilleur de cru ». La franchise a été bloquée en 1954, c’est à dire que ceux qui en bénéficiaient l’ont gardé comme droit acquis, mais les héritiers, ou les nouveaux exploitants, n’ont plus cette franchise. Ils peuvent néanmoins distiller, mais en payant la taxe sur les alcools.

En général, les bouilleurs de cru font distiller leur production par un distillateur ambulant ou dans un atelier public. Ici, à Lapoutroie, les cultivateurs étaient autorisés à détenir leurs alambics chez eux, dans leur ferme. Il y en a encore plus de 80 sur la commune.

La distillation

Les fruits fermentés ou macérés sont distillés dans des alambics en cuivre afin de produire l’eau de vie. Le fonctionnement d’un alambic est très simple. On pompe les fruits dans la cuve en cuivre et on chauffe ces fruits. Ces fruits fermentés ou macérés contiennent de l’alcool. Or, la propriété de l’eau de vie est de s’évaporer plus rapidement que l’eau. C.à.d. avant que la température n’atteigne 100°C, l’eau de vie s’évapore et s’élève dans l’alambic.

Les vapeurs d’alcool montent dans la partie supérieure de l’alambic appelée chapiteau, puis passent dans le tuyau appelé col de cygne. A l’intérieur du refroidisseur, le tuyau de cuivre continue son chemin en forme de serpentin. Les vapeurs d’alcool se condensent au contact des parois froides du serpentin et forment de petites gouttelettes d’alcool (c’est le même principe que la vapeur d’eau qui forme de la buée sur les vitres en hiver). Les gouttelettes d’alcool s’écoulent dans le serpentin jusqu’à la sortie du tuyau, en bas du refroidisseur, où l’on récupère donc l’eau de vie dans un fût.

Dans la mesure où l’eau de vie est le résultat de la condensation de vapeurs (donc d’un gaz), l’eau de vie est toujours incolore, transparente. On parle des eaux de vie blanches.

Sélection du cœur de chauffe :

Le distillateur mesure le pourcentage d’alcool tout au long de la journée de distillation, afin de sélectionner le cœur de chauffe.

Ce qui coule en premier correspond aux alcools les plus volatils. Ces alcools très volatils n’ont pas beaucoup d’intérêt car ils ne contiennent pas le bon goût du fruit; on les appelle les têtes de distillation. On les place dans un fût que l’on met de côté.

Ce qui s’écoule ensuite est moins volatil, mais surtout contient le bon goût du fruit. C’est le cœur de distillation ou cœur de chauffe. C’est uniquement cette petite partie de ce qui s’écoule de l’alambic au cours de la journée de distillation qui est conservée pour le vieillissement, puis plus tard pour la dégustation!

Ce qui coule en dernier correspond aux alcools les plus lourds, appelés queues de distillation sont également mis de côté.

L’absinthe

Avant d’être une boisson, l’absinthe est une plante vivace de la famille des armoises. Son feuillage se caractérise par des feuilles argentées très découpées. En été apparaissent des petites fleurs. C’est à cette période qu’a lieu la récolte. On recense différents types d’Absinthes (appelées WERMUT en Allemand, d’où le VERMOUTH) : Artemisia Absinthum (la plus répandue), Artemisia Pontica, Artemisia Camphorata, etc.

Histoire de l’absinthe :

Avant de devenir un apéritif très convoité, l’absinthe était utilisée à des fins thérapeutiques.

C’est à Couvet, petit village Suisse, que tout a commencé… Puis progressivement, en Suisse, et en France, à Pontarlier et Fougerolles en France, les distilleries se multiplient.

Ainsi commencent les années de gloire de la « Fée Verte ». D’abord connue comme la boisson qui donnait de l’inspiration aux peintres et poètes (Van Gogh, Toulouse-Lautrec, Gauguin, Verlaine, Rimbaud…), elle devient ensuite une boisson très populaire, notamment à l’heure où le vin se fait rare avec l’épidémie de Phylloxera en France. La consommation dans les colonies est importante également. 

Mais ce succès de l’absinthe va causer sa déchéance et la Fée Verte devient le Péril Vert. L’absinthe dérange car elle est associée à l’alcoolisme, qualifié par l’académie de médecine d’absinthisme. On dit que la Fée Verte rend fou. Elle sera interdite en France en 1915, ainsi que dans la plupart des autres pays.

En 1922, les anisés à faible degré sont autorisés, puis en 1951, le degré de commercialisation est définitivement fixé à 45 % Vol. 

En 1998, un règlement européen autorise à nouveau l’absinthe, en respectant certains seuils bien précis (thuyone…). 

Reprenant nos anciens livres de recettes exposés au musée, nous recommençons alors la fabrication de notre absinthe que nous avons baptisée : « Libertine ». Nous plantons à nouveau des plants d’absinthes, récoltés chaque année en été, avant séchage puis distillation.

Comment déguster une absinthe ?

Comme au XIXeme siècle, l’absinthe ne se consomme généralement pas pure. Pour le service de l’absinthe, on verse un peu d’absinthe dans le fond d’un verre. On pose une cuillère percée sur le verre, puis un sucre sur la cuillère. On verse de l’eau bien fraîche très lentement sur le sucre. Celui-ci va s’imbiber d’eau, puis va se dissoudre lentement. L’eau sucrée passe alors par les trous de la cuillère et peut ainsi se mélanger à l’absinthe.